De la réconciliation maternelle avec les héros des tout petits
En tant que parent, c’est fou le nombre d’a priori que l’on peut avoir sur tout ce qui va toucher nos enfants. Ce qu’on fera ou pas et ce qu’ils feront ou pas. Et puis un jour, je suis tombée sur cet adage : « Avant j’avais des principes, maintenant j’ai des enfants... », et j’ai souri. Avant ma grossesse, les notions de couches lavables, d’allaitement, d’éducation non violente et de Montessori étaient aussi éloignées de moi que celles de physique quantique (c’est pour dire). Et puis, comme le dit l’adage, j’ai eu un enfant... J’ai alors souri et changé. Pourtant, certains principes ont la vie dure et résistent encore et toujours à l’envahisseur « Ouvertured’esprix ». C’est sans compter sur l’esprit non formaté de mon bébé.
Par exemple, jusqu’à pas longtemps, il n’était pas question de ramener à la maison des livres des héros des tout petits. J’ai nommé les célébrissimes POB (Petit Ours Brun), Trotro, T’choupi, Mimi, Oui-Oui, Non-Non (ben si, il existe lui aussi), Léo et Popi, Franklin, Petit Lapin Blanc et cie. Ce qui me repoussait à l’époque et qui me repousse encore, ce sont les titres médicaments bateaux du genre : Machin ne veut pas aller au bain, Truc va à l’école, Bidule veut tout faire tout seul. Le côté moralisateur et le « tu vois que c’est l’adulte qui a raison, puisque les parents de Machin font la même chose. » m’indisposent au plus haut point. J’aimerais que les auteurs s’arrêtent aux expériences et aux émotions de l’enfant.
Sauf qu’un jour, je vois Gabriel regarder avec intérêt un numéro de POB. Bien sûr, Gabriel me demande de lui lire et finalement l’histoire n’était pas si « dangereuse »que ça. Elle ne volait pas très haut non plus mais Gabriel ne semblait s’intéresser qu’aux expériences du héros sans faire cas du reste. Tiens, POB se fait mal au genou lui aussi ? Lui aussi, il veut mettre tout seul son CD dans le lecteur ? Autre avantage non négligeable (surtout à l’heure du coucher), c’est la courte durée de l’histoire. Rhooo, mère indigne va !
Récemment, je suis même tombée sur deux exceptions que je me suis empressée de ramener à la maison. Les deux inséparables Léo et Popi sont désormais en CDI dans la bibliothèque avec deux épisodes vedettes : Cache-cache avec papa et Au jardin.
Cache-cache avec papa, Helen Oxenbury, Au jardin, Helen Oxenbury,
Bayard, 2,10 euros,9782747039871 Bayard, 2,10 euros, 9782747039864
Cache-cache avec papa reflète à quelques détails près, les loisirs préférés de Gabriel du moment :1) jouer à cache-cache, 2) faire tomber papa et le chatouiller. Par contre, Au jardin est pour l’instant plus apprécié par moi que par lui (question de météo sans doute). On y voit Léo jouer dans son bac à sable en toute liberté. Laver les cailloux, faire des routes avec le râteau, détruire des montagnes de sables à grands coups de pied et même faire de la bouillie de sable à la sauce cailloux, le tout avec son papa qui le regarde avec bienveillance. Si c’est pas chouette ça ?!
Donc, si vous aussi vous êtes des boycotteurs des héros des tout petits, voici un petit conseil de maman libraire. Ne vous cantonnez pas à un seul héros, car même si on retrouve les mêmes titres chez tous les héros, les auteurs, eux, changent et par conséquent la manière de raconter aussi. Ainsi, prenez le temps de lire toute l’histoire (ce qui ne prendra en fait que quelques secondes). Je me souviens avoir délaissé un « Machin va à l’hôpital » parce qu’à la dernière page, on le voit attablé le bras en écharpe avec un gros plat de steack /frites/soda ses parents debout derrière lui. Tous ne sont (heureusement) pas moralisateurs. Par exemple, Petit Lapin Blanc dit non, insiste beaucoup sur le « non » mais se termine en disant que le héros aime aussi dire oui ! et pas parce qu’il aura finalement cédé aux demandes des adultes.
J’espère que ce (long) billet vous aura donné quelques pistes pour mieux vous repérer dans le monde merveilleux des héros des tout petits. J’aimerais aussi beaucoup avoir votre avis sur tout ça, histoire de me donner de nouvelles pistes de réflexion à moi aussi !